Depuis plusieurs décennies, des centaines d’œuvres d’arts africains sont éparpillés dans les pays occidentaux. Bon nombre d’entre eux sont exposés dans les Musées et vendus aux enchères, suscitant un mécontentement populaire de la part des pays africains, d’où ces œuvres sont originaires. Si certains pays ont entamé des démarches pour la restitution de leurs œuvres, auprès des pays détenteurs, le Gabon n’aurait jamais émis une demande de restitution, selon l’expert en droit international, Richard Sédillot.
En effet, dans une interview accordée au site d’information Gabonreview, Richard Sédillot a fait état de la position du Gabon, face au processus de restitution des œuvres culturelles africaines détenues par les pays occidentaux. « Il existe officiellement 5 pays qui ont, à ce jour, formulé des demandes de restitutions, outre le Bénin et Sénégal. Il y a Madagascar, la Côte-d’Ivoire, le Mali, l’Ethiopie et le Tchad, je suis intervenu en qualité de conseil sur ces questions pour certains demandeurs à la restitution, (…). A ma connaissance, le Gabon n’a pas encore formulé de demandes, bien que de nombreuses œuvres gabonaises se trouvent dans les collections nationales françaises. Et les raisons restent inconnues » a déclaré, l’expert. Une affirmation qui vient apporter un éclaircissement sur le silence des pouvoirs publics gabonais sur la vente d’un masque Fang le 26 mars dernier à Montepelier en France. L’on serait tenté de se demander pourquoi le Gabon n’a pas formulé de demandes de restitution. A cette question, seules les autorités peuvent y répondre. Malheureusement, nos tentatives pour les rencontrer se sont avérées vaines. Pourtant, le Gabon, comme d’autres pays d’ailleurs, gagnerait à réclamer ses biens culturels.
A en croire l’expert en droit international, des avantages pourront être tirés de cet accord de restitution, au cas où le processus aboutit. « Concrètement, si un accord intervient entre l’Etat demandeur et l’Etat requis, à l’issue de négociations aux aspects culturels, muséographiques, historiques et bien évidemment juridiques, une loi peut ensuite être adoptée consacrant la restitution. Lorsque les biens retrouvent le pays où ils ont été conçus, ils peuvent alors être présentés aux habitants de ce pays. C’est le processus qui a été suivi au Bénin et qui a permis l’organisation d’une splendide exposition, digne de la qualité des œuvres restituées », a-t-il dit. Face à ces déclarations, de nombreux gabonais pensent qu’il est plus qu’indispensable pour le Gabon d’émettre une demande de restitution de ces œuvres d’art auprès des pays détenteurs. Non seulement, elles font partie de son patrimoine, mais elles retracent l’histoire des différents peuples et cultures du pays. Pour eux, elles pourront apporter une plus-value au secteur tourisme qui mérite, lui aussi, d’être boosté.