Le département de l’Ogooué et des lacs dont Lambaréné est le chef-lieu compte trois communautés autochtones, les Akélé, 1% (premiers habitants, contrairement à l’idée faussement répandue que ce serait les Galoa), les Galoa 3%) et les Fangs 47%), selon la clameur populaire. Pendant longtemps, la répartition des postes politiques et administratifs tenait compte des équilibres de ces trois communautés et accessoirement, des populations sudistes que Rawiri (ancien roitelet du Moyen-Ogooué) avait fait immigrer à Lambaréné pour contrebalancer l’électorat fang. Depuis lors, va naître le conflit historique fang/myéné, qui poussa Rawiri à dire aux Fang d’aller chez eux à Ndjolé s’ils veulent faire la politique et avoir des postes. Mais malgré cela Rawiri fera tout de même semblant de prendre en compte la réalité fang, en instaurant un système rotatif des mandats électifs dans les différents conseils locaux, alors que les sièges de députés, en dehors de celui de la commune de Lambaréné (avant l’octroi d’un deuxième siège), respectaient la réalité autochtone. Lorsqu’il arrive aux affaires, Richard Auguste Onouviet (Rao) va non seulement respecter ces équilibres au-delà des appartenances politiques, mais va aussi s’investir dans la formation de la jeunesse, sans distinction. Mais depuis l’avènement d’Ali Bongo et la mise en jachère de Rao, le régime a viré à la préférence des Fangs et des Akélé.
Au décompte final, les Galoa tiennent largement le haut du pavé avec trois ministres : Madeleine Berre, Nicole Jeanine Lydie Roboty et Auguste Roger Bibaye Itandas. Auquels s’ajoutent un maire central et une présidente du Conseil départemental. Les Fangs ont une anonyme ministre, Toussaint Nkouma Emane, et un maire d’arrondissement, Roger Ekomi Ndong Male. Aucun PCA, ni de DG… La frustration des Fangs du PDG vient du fait que pour un parti qui se dit démocratique (la démocratie étant la dictature du plus grand nombre), c’est l’ethnie majoritaire qui joue les éternels suppléants et réduite aux tâches subalternes… Depuis lors, les natifs de la rive droite de Lambaréné, toutes tendances politiques confondues, multiplient les réunions aussi bien à Libreville que dans le chef-lieu du Moyen-Ogooué. Objectif : voir comment mettre un terme à cette humiliation qui n’a que trop duré. En ligne de mire, les prochaines élections… Voilà une situation dont visiblement n’avait pas besoin Madeleine Berre, déjà très mal en point en pays fang où, depuis un moment, elle multiplie les gestes de largesse pour essayer de sauver les meubles. Notamment via la réfection des églises à Adouma et l’intégration de quelques diplômés à la Fonction publique… Mais la nomination de Bbaye Itandas pourrait lui jouer un mauvais tour lors des prochaines législatives, au moment où la communauté fang exige également qu’au PDG, l’investiture aux législatives soit autant rotative entre l’ile et la rive droite. Et pourquoi pas entre les communautés autochtones. Sinon, un vote sanction ne sera pas à écarter.