Était-ce un acte de xénophobie ? Non. Mais un acte patriotique. Les Gabonais ont démontré, à l’épreuve du temps, qu’ils étaient capables d’accepter les autres peuples. De leur offrir un gîte ; de leur permettre de travailler ; de leur ouvrir des opportunités d’affaire ; d’accepter que ces frères venus d’ailleurs puissent faire fortune et s’en aller. A beaucoup d’entre eux, le Gabon a été plus qu’une terre d’accueil. Des liens plus profonds ont été établis aboutissant à des alliances familiales.
Nous avons des Diouf, Diop, Cissé, Saïzonou, authentiquement Gabonais. Certains par les liens de sang et d’autres parce qu’établis dans notre pays depuis des générations. Nous avons fréquenté les mêmes établissements. Nos frères venus d’ailleurs tracent l’histoire de leur scolarité aux écoles Montfort Saint-Anne, Saint-Joseph ; dans les collèges Bessieux, Immaculée, ou Quaben ; dans les lycées Léon-Mba, d’État, ou technique Omar Bongo. Beaucoup ont bénéficié d’une bourse gabonaise pour s’envoler vers le Canada, la France, ou vers les pays du Maghreb. Ils ont eu des carrières dans notre administration ou dans d’autres secteurs d’activité. Pour clore ce beau tableau, Léon-Mba, premier président de la République gabonaise, disait que « lorsqu’un étranger nous apporte sa force de travail, offrons-lui en retour notre amitié ». L’hospitalité, nous l’avons offerte et continuons de l’offrir.
L’histoire milite par les faits pour démontrer qu’en dedans du Gabonais, il n’y a point de xénophobie. Alors, d’où vient-il, tout à coup, qu’il commence à regarder ces mêmes frères qui ont toujours été avec lui de travers ? En questionnant l’histoire, le point de bascule a été incontestablement 2009. Ali Bongo Ondimba est intronisé Sérénissime. Petite Majesté Tropicale. Permettez-nous la caricature car elle est lourde de significations et de symboles. Mais « petit roi » de ce pays de 267667 km², il décrète la présence étrangère. Quand bien même nul n’aurait jamais vu d’un mauvais œil le recours à des non Gabonais comme collaborateurs d’un chef d’État. Nous avons une légende dans ce sens : Jean-Baptiste Essonghé, beaucoup ne le savent certainement pas, a été un des plus proches collaborateurs du général de Gaulle durant de nombreuses années au palais de l’Elysée. Léon-Mba a eu au début des indépendances des collaborateurs français à de très hautes fonctions. Omar Bongo a eu des Africains et des ressortissants caucasiens comme conseillers. Mais sous le magistère de ces deux chefs d’État, jamais le destin du Gabon et des Gabonais n’a reposé sur un non-gabonais. Toute chose à l’opposé de sa petite majesté Ali Bongo Ondimba. Ses amitiés avec Maixent Accrombessi et d’autres ont été érigées en raison d’État. Et si ce dernier a agi comme le « Nkani » des Gabonais, c’est simplement parce qu’il en avait reçu l’onction. Et c’est le cas aujourd’hui encore.
Aussi les étrangers les moins intégrés se croient-ils tout permis, quitte à se donner les pleins pouvoirs sur le seul domaine de souveraineté que chaque citoyen gabonais peut se targuer d’avoir : la terre. Peut-on ainsi dénuder un peuple chez lui et attendre que celui-ci courbe simplement l’échine ? A un moment de l’histoire un « NON » retentira, qui dégagera non pas un relent xénophobe, mais patriotique. C’est ce qui s’est produit à la SEEG. Cet épisode est pour dire à nos frères venus d’ailleurs d’être chez nous comme nous savons être chez eux : des personnes conscientes de l’accueil qu’on leur fait et qui ne doivent pas en abuser. Et le doigt d’honneur d’Ali Bongo Ondimba aux Gabonais ne devrait en aucun cas leur donner des raisons de mépriser les Gabonais qui les accueillent. Car le problème Ali Bongo aura sa solution le moment venu. Et par les Gabonais.